Stratégies financières des contes de notre enfance
Les contes de fées peuvent se
réaliser. Ils peuvent vous arriver — si vous n’y prenez pas garde.
Si vous y réfléchissez, les
personnages des contes de fées sont toujours dans le pétrin.
Jack, dans le conte avec le haricot
magique, a volé le géant parce qu’il avait vendu la dernière vache de sa
famille pour une poignée de graines. Découvrant qu’il n’était pas doué pour les
études, il sombra dans la criminalité.
Hanse! et Gretel ont été conduits
dans les bois — et les griffes d’une sorcière affamée — par des parents qui
avaient trop de bouches à nourrir. Blanche Neige, une jolie princesse vivant à
une époque où les titres et l’apparence étaient tout, aurait dû avoir une vie
dorée. Mais, hélas, son père mourut sans faire de testament.
Le fait est que les malheurs
financiers qui prennent en défaut les personnages de littérature tourmentent
toujours les gens aujourd’hui. Les dix leçons de finance que nous enseignent
les contes de fées, les fables et la littérature s’avèrent aussi valable que
les histoires de nos grand- mères.
1. La Cigale et la Fourmi : Anticiper
Il s’agit d’un conte classique sur
la responsabilité. La fourmi travaille tout l’été à stocker de la nourriture.
La cigale sautille, gazouille et chante et prend son temps. Mais dans l’hiver,
la cigale cherche vigoureusement et en vain — de la nourriture. Elle meurt. La
fourmi est confortable et bien nourrie.
Anticiper est la première leçon de
la finance personnelle pour deux raisons. Lorsque vous êtes jeunes, vous avez d’avantages
de temps et d’opportunités pour gagner de l’argent. Mieux encore, à la
différence de la nourriture, l’argent économisée sagement aura tendance à
augmenter. Plus la saison est longue, meilleure sera la récolte.
Imaginez; Annie la fourmi, âgée de
25 ans, met 2 000 $/an sur un compte net d’impôt pendant dix ans soit au
total 20 000 $. A 35 ans, elle arrête d’épargner.
Chantal la cigale attends d’avoir 40
ans pour mettre 2 000 $/an de côté, mais elle continue de le faire pendant
25 ans, jusqu’à la
retraite — soit au total 25 000 $.
Ils perçoivent chacun 8% d’intérêts.
Qui a le plus à 65 ans? La fourmi a deux fois plus
que la cigale — 333 441 $ contre 158 504 $, pour être exact.
Comment cela est-il possible?
La fourmi a profité des taux
d’intérêts composés. Parce qu’elle a commencé tôt et avait plus de temps pour
le faire, cela n’était que plus facile.
2. Le Lièvre et la Tortue : Enrichissez-
vous lentement
Vous pensez que vous êtes
suffisamment agile pour «prévoir» les marchés financiers — acheter au plus bas
et vendre au plus haut ? Si vous l’êtes, vous êtes l’exception plutôt que
la règle. Même les plus performants ne gagnent que 10% de plus que ce qu’ils
perdent.
La plupart des gens obtiennent plus
tout simplement en programmant des investissements réguliers. En langage
financier, la stratégie de la tortue s’appelle le « dollar cost averaging »
c’est-à-dire pondérer la moyenne.
Vous investissez le même montant
chaque mois — qu’il pleuve, qu’il fasse beau, que le marché monte ou descende.
Quand les marchés montent, vous achetez moins pour le même montant. Quand ils
baissent, vous en achetez plus.
Quoi qu’il arrive, vous vous
rapprochez de la ligne d’arrivée.
Vous connaîtrez rarement un de ces
gains rapides dont on peut se vanter. Mais personne ne vous surprendra à faire
un petit somme pendant que le marché bouge.
Et maintenant que tout est dit, vous
préférez gagner ou vous vanter ?
3. Pierrette et le pot au lait :
La diversification paie
Certaines personnes préfèrent jouer
la sécurité. Elles gardent leur argent sur un compte bancaire comme cela elles
ne risquent pas de perdre leur capital.
Mais mettre tout votre argent en
banque engendre des risques également. Au lieu d’avoir un risque en capital — la
possibilité de voir votre investissement diminuer — vous avez un risque d’inflation
qui peut éroder votre capital plus vite que les intérêts ne peuvent l’augmenter.
Les investisseurs avisés
répartissent leur argent sur plusieurs supports, une partie en liquidités, une
partie en actions, une autre en obligations, et peut être une partie en fonds
communs.
Tirez des leçons de la fable
d’Esope, Pierrette et le pot au lait, qui transportait un pot de lait en
équilibre sur sa tête tout en allant au marché. Pierrette s’imaginait acheter
une poule avec les bénéfices et vendre des oeufs pour acquérir une nouvelle
robe qui rendrait sa copine jalouse.
« Mais je m’en fiche », se
dit Pierrette, « Je n’ai qu’a la regarder et secouer la tête comme
ça. » Le pot de lait vola par terre.
Si Pierrette avait divisé son lait
en trois pots, en portant un sur la tête et un à chaque bras, elle aurait un
poulailler aujourd’hui.
4. Le joueur de flûte : Payer
pour avoir de l’aide si vous en avez besoin
Quelque part, bien profond, il y a un fond d’avarice. C’est la petite
voix qui nous dit de ne pas payer pour quelque chose que vous pouvez vous
procurer gratuitement.
Cependant, dans le domaine
financier, les services qui apparaissent gratuits souvent ne le sont pas.
Par exemple, vous ne payez pas
l’agent de change et les frais de chargement. Pourtant le courtier gagne de
l’argent s’il vous persuade d’investir. Les assureurs, qui passent des heures à
vous expliquer à quel point vous avez besoin de prévoyance, gagnent aussi des
commissions — plus votre police est élevée, plus ils gagnent.
Si vous n’avez pas besoin de
conseils, bien sûr, c’est stupide de vouloir en acheter. Mais si vous insistez
à avoir des conseils gratuits, vous pouvez perdre plus de capital que vous n’en
auriez dépensé en honoraires.
Demandez simplement aux habitants
d’Hammelin. Ils ont escroqué le joueur de flûte des 1000 guilders qu’il avait
gagné en repoussant tous les rats de la ville, alors il leur prit quelque chose
qui a plus de valeur — leurs enfants.
5. Le Petit Chaperon Rouge : Faîtes attention aux loups
Qui ne se laisserait pas abuser par
quelqu’un avec une voix douce et un joli sourire ? Surtout s’il dit :
« Je connais ta grand-mère. Elle aime les fleurs... »
Les loups d’aujourd’hui sont des
arnaqueurs qui utilisent juste assez de vérité et de familiarité pour vous
faire baisser votre garde, vous faisant poser moins de questions et évaluer la
proposition avec moins de scepticisme.
En conséquence, la fraude par
affinité — escroquerie dans laquelle un membre d’un groupe professionnel,
religieux ou éducatif tente de convertir les autres membres — fait partie des
crimes financiers en plus forte augmentation, disent les experts. Tout ce que
l’escroc a à dire aux victimes, c’est que leurs amis investissent, et « tout
le monde tombe comme des dominos », raconte Sharon Fox, directeur adjoint
de la sécurité de la « Arizona Corporation Commission ».
La plupart du temps, au moment où
l’escroquerie est découverte, son acteur s’est envolé. Tout ce qui reste aux
misérables victimes, c’est de la compagnie.
6. La soupe de pierres : La leçon
des fonds communs.
Lorsque Peg Downey, conseiller
financier certifié à Silver Spring, essaie d’expliquer les bénéfices des fonds
communs, elle raconte l’histoire de la soupe de pierre.
Trois soldats revenant de la guerre
approchent d’une ville. Les voyant arriver, les habitants cachèrent leurs
provisions et disent qu’ils n’ont rien à partager.
Pas de quoi s’inquiéter, dit le
soldat le plus rusé. Ils ont appris à faire de la soupe avec rien d’autre que
des cailloux, disent- ils. Une marmite est installée sur la place du village et
les villageois regardent avec respect.
« Hum », dit le soldat en
regardant les pierres, « je peux la faire avec un peu de sel et de
poivre ». Un villageois court en chercher.
« Des pierres comme celles là
font de la bonne soupe, mais ça serait encore meilleur avec quelques
carottes ». Une autre contribution. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’ils y
aient rajouté du chou, du lait, de l’orge, du boeuf et des pommes de terre.
A la fin, toute la ville eut un
excellent repas : Et chacun n’y avait que faiblement contribué.
Les fonds communs, fonctionnent un
peu comme cela, dit Downey. Les soldats sont comme les gestionnaires de fonds
communs, connaissant quels ingrédients ajouter. Les villageois sont les investisseurs,
chacun contribue un peu et ressort avec un résultat qui apparaît plus grand que
la somme de ses parties.
Le seul problème, dit-elle, est de
trouver un gestionnaire de fonds qui connaisse le recette.
7. Le Marchand de Venise : Mettez les termes d’un emprunt par écrit
Pour ceux qui n’ont jamais pu lire
du Shakespeare, le Marchand de Venise est l’histoire d’un emprunt qui tourne au
vinaigre. Il apporte des avertissements aussi bien aux emprunteurs qu’aux
prêteurs.
Shylock prête de l’argent à Antonio;
s’il ne peut pas payer au moment prévu, Shyllock peut prendre une livre de
chair d’Antonio. Bien sur, Antonio ne peut pas rembourser à temps. Finalement,
touchée par l’amour, Portia, évite le jour dit en remarquant que l’accord ne
mentionne pas le sang. Prenez la chair, dit-elle, mais si vous prenez une
goutte de sang en faisant cela, nous vous poursuivrons en justice et vous
perdrez tout ce que vous avez.
La morale demeure : que vous
soyez prêteur ou emprunteur, préparez-vous au pire et écrivez tous les termes
du contrat.
Cela n’est pas moins important si le
prêt est réalisé entre parents ou amis. Un contrat écrit est d’une aide
inestimable si vous avez besoin de forcer la mémoire de quelqu’un ou si vous
voulez faire une action en justice. Et si vous devez déduire votre dette de
votre déclaration de revenu, il vous faut un document.
8. Hansel et Gretel : La douceur est
dans les détails
De nos jours, les comptes rémunérés
ressemblent à la maison de la sorcière qui est faite en sucre. Les appels sont
doux : faible taux d’intérêt, pas de frais annuel. Et plein de délicieux
extras.
Mais, avant de croquer, vérifiez ce
qu’il y a à l’intérieur. Avec les comptes rémunérés, c’est généralement écrit
en petit au dos, sous la rubrique « mention importante ».
Trop souvent, on peut lire que le
taux d’intérêt proposé est seulement transitoire et va diminuer dans six mois
ou moins ; que vous ne bénéficiez du taux annoncé que si votre compte
comporte un capital minimum ; que les retraits en espèces coûtent plus et
qu’il y a des pénalités et des frais et que l’augmentation des charges
d’intérêts peut vous faire boire la tasse si vous avez un paiement de retard ou
deux.
La bonne nouvelle c’est que comme
avec la sorcière qui a dit à Hansel qu’elle allait l’engraisser pour le manger,
les comptes rémunérés annoncent clairement leurs intentions.
« L’information est là, même si
c’est écrit en petit au dos du document », dit Michael Heffer,
membre du Consumer Action de san Francisco, « Cherchez-la ».
9. Cendrillon : La nécessité d’organiser
sa succession
Ce qui est arrivé à cendrillon est
une honte, se plaignent les avocats. Elle était la fille chérie d’un riche
gentleman. De son vivant, elle ne manquait de rien. Mais il n’a pas écrit de
testament. Finalement, elle était laissée à la merci de sa méchante
belle-famille.
En réalité, peu de personnes meurent
de manière « prévue ». Comme dans le conte, la plupart des morts sont
« violentes », « soudaines »
ou « inattendues ». L’histoire de cendrillon se propage parce
qu’environ 70% des américains meurent sans faire de testament, estiment les
avocats.
Si vous avez des enfants prenez vos
dispositions, faites-le sans attendre.
10. L’avare et son or :
Profitez de votre argent
C’est merveilleux d’épargner.
Mais souvenez-vous que l’argent
n’est qu’un moyen et non une fin en soi. La finalité devrait être de rendre
votre vie plus sure et plus appréciable.
Certaines personnes sont si
prisonnières de leur sécurité financière qu’elles en oublient de s’amuser —
même lorsqu’elles peuvent se le permettre, dit Edward O’Hara, conseiller
financier certifié de Silver Spring. Cela fait échouer l’objectif d’avoir
épargné dans un premier temps.
« Il y a un point que je mets
toujours en avant, c’est que vous ne pouvez pas seulement regarder les
chiffres. Vous devez aussi penser à votre bonheur présent », dit
O’Hara. « J’ai des clients retraités qui ont 2 millions de dollars... Ils
sont venus me voir et m’ont dit "je n’arrive pas à croire à quel point
j’apprécie la vie maintenant que je sais que je peux dépenser une partie de mon
argent."»
Même dans des cas moins extrêmes,
cependant, chacun devrait prendre en compte ses désirs actuels au moment de
décider ce qu’il convient d’épargner et de dépenser, dit Downey.
L’alternative ? « L’avare
et son or », une autre des fables d’Esope.
Cet avare économisa chaque sou et
enterra son or dans son jardin. Une fois par semaine, il déterrait son trésor
juste pour l’admirer et se réjouir. Quand un voleur lui déroba son or, il se
tirait les cheveux en hurlant si fort que les voisins vinrent voir ce qui
s’était passé.
Maintenant qu’il avait disparu,
l’avare parla à ses voisins de son trésor. « Vous ne vous en êtes jamais
servi ? », demanda l’un, « Non », répondit-il.
« Je venais seulement l’admirer ». « Et bien dans ce cas,
continuez de regarder le trou », lui
dit un voisin, « cela vous fera autant de bien ».
Ainsi mes enfants, les gens prirent
les contes au sérieux et leurs finances rentrèrent dans l’ordre.
Et ils vécurent longtemps et dans le
bonheur.
Par
Kathy M. Kristof, publié dans le Los Angeles Times